Les jours défilent, les semaines s'enchaînent, les souvenirs se construisent et pourtant le fil de l'eau reste silencieux. Ce blog je l'aime. Il m'est précieux parce qu'il est exactement ce que je voulais qu'il soit : une boite à jolis souvenirs. Le fil de l'eau : la trace de nos souvenirs, les petits comme les grands. Ceux qui nous construisent, ceux qui sont enfouis dans nos coeurs (et que l'on aurait oubliés sans lui), ceux qui (sans savoir pourquoi ceux là plus que d'autres) sont présents dans nos mémoires.
Cinq années se sont écoulées depuis les premiers souvenirs mis en mots. Les relire me fait douter de mes capacités à savoir écrire, mais finalement l'essentiel n'est pas là. L'essentiel c'est Olivier qui édite chaque année le fil de l'eau sous forme de livre, et les enfants qui en tournent les pages. Je regrette que le fil de l'eau ne soit pas né en même temps que nos enfants. J'aurais aimé donner à chacun de nos jolis souvenirs une page sur ce blog.
J'aurais aimé que les enfants lisent les histoires dont ils ne peuvent pas avoir le souvenir parce qu'ils étaient trop petits. J'aurais aimé qu'ils lisent aussi les souvenirs de ces moments qui n'existent pas encore aujourd'hui et qui seront nos souvenirs de demain. Un lien entre souvenirs et émotions, pour ne pas oublier.
Alors pourquoi le fil de l'eau ne raconte-t-il pas la rentrée scolaire, les 50 ans d'Hussé, les 15 ans de Kanumera, la soirée sur le plateau de Canal +, les sélections pour le comité de Paris qui font vibrer Oscar, les répartis de Jules et tout le reste ? Le doute, le temps, l'envie, l'énergie, l'ennui... sans doute un peu tout cela à la fois.
Sauf là. Là tout de suite, et maintenant, je ne veux pas qu'on oublie le début de cette nouvelle année scolaire qui a tant chamboulé notre vie quotidienne. Une grande fille au lycée et deux garçons au collège, c'est le signe que le temps passe, mais pas sans laisser quelques traces....
Celle de Kanu qui se souvient la veille de la rentrée scolaire, de la rentrée en 6ème d'Oscar dont ils avaient tant parlé tout l'été et qui d'un coup se rend compte qu'avec Jules ils n'ont pas pu en parler car elle ne connait rien de ce nouveau collège où vont aller ses frères cette année. Alors, elle décide d'écrire une très jolie lettre d'encouragement à Jules. Une rentrée en sixième, avec des horaires aménagés "rugby" ce n'est pas une rentrée comme les autres et encore plus quand on ne connait personne (sauf son grand frère qui lui ne fait pas sa rentrée le même jour), et que le collège n'est pas à côté de la maison mais dans le 13ème arrondissement parisien.
Celle de Jules, qui ravale son angoisse, grimpe sur le scoot de son père, sac Eastpack (une rentrée en 6ème quand même !!!) sur le dos et roule vers cette première matinée à Georges Braque, dont il retiendra surtout : "Oh mais je ne vais jamais réussir à me souvenir des prénoms des enfants de ma classe !!"... parce que, oui,le 13ème est bien plus mélangé qu'Issy les Moulineaux ;-)
Celle du premier jour de cours des garçons. Oscar confiant, et Jules un peu terrifié à l'idée de ne pas trouver les salles de classe inscrites sur son emploi du temps. Ils commençaient à 8 heures tous les deux, ils sont partis ensemble, au petit matin pour attraper métro et tram... sauf qu'Oscar a voulu changer les plans pour aller plus vite en décidant de prendre le bus plutôt que le tram, ce qui en terme de gain de temps fut relatif, puisque 20 minutes après leur départ de la maison j'entendais Oliv' brayer dans l'escalier de la maison : "Sophie, t'as le numéro du collège, les garçons ont pris le bus à l'envers, ils vont être à la bourre !!!"... Qu'Oscar décide de faire visiter Paris en bus à Jules à l'heure où ils sont sensés être au collège, n'a pas vraiment contribué à détendre Jules ... mais je ne sais pas par quel miracle ils ont réussi à arriver 1 minute après la sonnerie et avant la fermeture des portes... Depuis ils ont retrouvé le sens de l'orientation et tout va bien ;-)
Celle de Kanumera qui découvre en même temps la vie au lycée et le concept de l'établissement privé catholique... heureusement (pour nous) avec humour, même si c'est difficile d'être en accord avec des valeurs qui ne sont pas toujours celles partagées par son entourage scolaire, difficile aussi de quitter son noyau amical pour aller vers de nouvelles rencontres ...
Celle des 50 ans d'Hussé. Je ne vais pas écrire encore Hussé, encore Geneviève, le fil de l'eau a déjà ces pages, mais la trace de cette fête est dans nos coeurs. Heureuse famille Repussard, qui mélange les générations avec bienveillance et amour, pour qui le mot famille prend tout son sens dans ce qu'il a de plus beau, chaleureux, rigolo, festif et gourmand .
Celle des 15 ans de Kanumera, un 22 septembre au lycée avec des copines mignonnes, attentionnées et aussi un peu pénibles avec les photos "ficha" et puis une soirée magique tous les cinq. A l'heure de l'apéro, ouvrir des cadeaux et se réjouir d'y trouver l'équipement de rugby un peu attendu, et puis un dernier cadeau. Une petite boite toute légère emballée dans du papier de soie violet et l'entendre crier de joie en lisant qu'un mois plus tard un avion décollera vers San Francisco avec toute sa famille dedans... s'empiffrer de raclette et ne plus avoir de place pour le gâteau au chocolat ;-)
Celle du rugby encore et toujours. Kanumera est donc arrivée à ses fins. Des années qu'elle veut jouer, qu'on lui répète qu'elle est trop fragile, mais finalement le hand c'était bien physique aussi alors pourquoi pas... Ses fréres rêvent de jouer au Stade Français, elle ira avant eux, pas de section féminine au RCP XV ! Et puis c'est la coupe du monde de rugby alors on emmène notre bande sur le plateau de Canal + pour voir "Angleterre-Pays de Galles". Victoire du Pays de Galles. Tino nous accompagne, les garçons ouvrent des yeux immenses (après les 3 passages de sécurité !!!) quand la présentatrice moulée dans sa robe bleue passe devant eux. Jules n'a pas peur d'aller chercher un autographe auprès de Sébastien Chabal, Oscar et Tino grognent un peu, ils ne sont pas dans le cadre de la caméra, Kanu et moi en revanche sommes plein écran ... j'ai tenté un changement de place, dommage ça n'a pas marché !!
Celle des sélections du comité de Paris. Oscar en parle tout le temps. Il en rêve de ce comité de Paris, rejoindre les meilleurs joueurs minimes de Paris. Il enchaîne les samedis de pré-sélections. Arrive le premier samedi de sélection. Il n'y a pas de car pour accompagner l'équipe du RCP15. Pendant qu'Olivier encourage Jules à Villejuif, j'embarque dans la voiture une partie des minimes, direction Vaucresson. Kanumera blessée vient soutenir son frère. Le ciel est bleu, le soleil brille, je me mets pieds nus dans l'herbe mais j'ai peur. Ils sont 150 garçons nés en 2002, à la fin de cette journée 50 d'entre eux seront sélectionnés pour une seconde journée à l'issue de laquelle ils ne resteront plus qu'à 35. Je ne veux pas regarder mais je regarde. C'est encore l'échauffement quand Oscar se fait plaquer violemment et tombe sur le genou, il quitte le terrain en boitant. Je pense que c'est fini, que je vais devoir lui remonter le moral... mais non, il réclame du froid, se met au repos le temps de la fin de l'échauffement, redemande du froid et retourne sur le terrain. Mardi soir, il hurlait de joie dans le bus qui le ramenait à la maison quand je l'ai appelé pour lui dire que son nom était sur la liste des 50, celui de Tino aussi. Demain nous saurons si il fait ou pas partie des 35...
Celle des cousins de Wallis qui rentrent, maintenant c'est officiel : ils seront là tous les 5, non tous les 7 ils reviennent avec leurs 2 chats des îles, le 22 décembre dans l'après midi ;-)
Et pour finir, parce que finalement c'est pas grave, gardons une petite trace de la famille bras cassé, la semaine où Kanu se casse la main, Mathias à l'autre bout du monde tombe d'un cocotier, résultat une main gauche dans une attèle à Paris et deux avant bras plâtrés à Wallis !!!!
